Pourquoi les événements climatiques seront-ils plus extrêmes demain ?

Qu'entend-on par événement climatique extrême ?

Bonne question, commençons par cadrer le sujet.

Et justement, il n’existe à ce jour pas de définition officielle du sujet.

Selon l’ONG Oxfam, ce serait “des événements qui peuvent persister plusieurs semaines ou mois, ou bien, au contraire, se dérouler sur un temps très court, quelques heures ou quelques jours, mais marqués par une très forte intensité. C’est notamment le cas des cyclones ou d’un ouragan.

Selon Wikipédia, ce serait plutôt des “conditions météorologiques inattendues, inhabituelles, violentes ou hors saison ; météo aux extrêmes de la distribution historique - la plage qui a été observée dans le passé”.

Si on devait résumer, cela fait écho à des conditions climatiques plus élevées ou violentes que la moyenne sur cette période. Une vague de chaleur, une inondation, un ouragan… Sachant que cette notion d’échelle va évoluer pour des phénomènes plus intenses dans les prochaines années.

Zoomons maintenant sur 6 cas d’événements climatiques extrêmes.

Zoom sur 5 événements climatiques qui vont prendre de l’ampleur

Les canicules

Une canicule désigne un épisode de températures élevées sur une période prolongée. (Source : Oxfam) Elles sont définies comme une période où les moyennes sur trois jours des températures minimales et maximales atteignent des seuils d’alerte départementaux, de jour comme de nuit.

On parle de vagues de chaleur lorsqu’on observe des températures anormalement élevées, proches des seuils d’alerte, pendant plusieurs jours consécutifs.

On parle de pics de chaleur lorsque des records de températures sont atteints, mais sur des périodes courtes de 1 ou 2 jours.

Exemple : En 2022, l’Inde et le Pakistan ont été frappés par une canicule particulièrement violente. Sur une période de 3 mois, cette canicule hors norme a causé la mort de 90 personnes, et provoqué des coupures d'électricité et des pénuries d'eau pour des millions d'habitants à travers ces deux pays.

Les incendies et feux de forêt

C’est un sujet dont on a grandement entendu parler dernièrement. Il sera également au cœur des enjeux de demain. En effet, les risques seront de plus en plus importants, d’une part en termes de fréquence mais également en termes d’ampleur.

Quelques données et explications :

• Ce qui explique l’augmentation des risques : Les températures plus élevées favorisent la transpiration des plantes et l’eau contenue dans le sol diminue. Les forêts s’assèchent, les risques de feux sont plus forts.
• Chaque année, selon la FAO, il y aurait plus de 350 millions d’hectares de forêt qui partiraient en fumée. C’est six fois la superficie de la France. (Source : ConsoGlobe)
• Plus de pays européens ont connu de grands incendies de forêt en 2018 que jamais auparavant. Autrement dit ? Ça s'accélère grandement.
• L’Europe du Sud est la zone géographique qui devrait être la plus touchée par l’augmentation et l’ampleur des feux de forêts.

Voici une carte qui montre l’évolution imaginée en terme de risques d’incendies pour la fin du 21e siècle (en comparaison de la période 1981-2010)

Projection de l'évolution du danger météorologique d'incendie de forêt dans le cadre d'un scénario de faibles émissions

"La carte montre une augmentation du danger d'incendie dans la plupart des régions européennes, à l'exception de certaines parties du nord-est et du nord de l'Europe, dans le cadre d'un scénario de faibles émissions. L'augmentation prévue du danger d'incendie d'origine météorologique dans le sud de l'Europe est d'environ 30 à 40 %. Des diminutions du danger d'incendie d'origine météorologique sont prévues en Europe centrale et septentrionale (à l'exception de l'extrême nord)." (Source : European Environment Agency)

Projection de l'évolution du danger météorologique d'incendie de forêt dans le cadre d'un scénario d'émissions élevées

"La carte montre une augmentation du risque d'incendie dans la plupart des régions européennes dans le cadre d'un scénario à fortes émissions. L'augmentation du danger d'incendie d'origine météorologique dans le sud de l'Europe est supérieure à 40 % et des augmentations importantes sont également prévues dans le nord de l'Europe." (Source : European Environment Agency)

Bon à savoir : Pour prévoir les risques d’incendie, un indice a été créé. C’est l'indice forêt météo (ou FWI). Plus concrètement, il s’agit d’une évaluation chiffrée de l'intensité et de l’ampleur du feu, combinée avec l'indice de propagation initiale (qui se base sur le vent, le contexte, etc…) et l'indice du combustible disponible.

Les inondations, fortes pluies et crues soudaines

Démarrons avec un chiffre plus que frappant.

Selon des données partagées par Oxfam, les inondations liées aux changements climatiques auraient causé 25 fois plus de dommages en 2010 qu’en 1970.

En France, ce serait d’ailleurs le premier risque naturel. Ces crues sont d’ailleurs dûes à des pluies fortes et en général soudaines. C’est d’ailleurs accentué en cas de sécheresse. Cette vidéo montre d’ailleurs très bien le temps qu'il faut à l'eau pour s'infiltrer dans un sol desséché.

L'Europe centrale et orientale seraient les régions les plus grandement touchées. L'Europe du Sud pourrait quant à elle connaître une augmentation des fortes pluies allant jusqu'à 25 %.

Changements prévus dans l'ampleur des fortes pluies en hiver et en été au cours de la période 2071-2100, par rapport à la période 1971-2000 pour un scénario de fortes émissions

"Cette carte représente l'évolution des fortes pluies en hiver et en été au cours de la période 2071-2100 par rapport au climat actuel (1971-2000), sur la base d'un scénario à fortes émissions. Les augmentations les plus importantes, jusqu'à 35 %, sont prévues pour l'Europe centrale et orientale. L'Europe méridionale pourrait connaître une augmentation des fortes pluies allant jusqu'à 25 %." (Source : European Environment Agency)

HIVER

ÉTÉ

Les cyclones

En France, on évoque assez peu ce sujet. La raison ? Nous avons tout simplement la chance d’être très peu impactés par ces phénomènes climatiques. C’est d’ailleurs le cas de la majorité de l’Europe. En revanche, c’est un point essentiel à surveiller pour d’autres Régions du monde.

Un point important à ce stade. Il n’existe pas d'études prouvant que les cyclones seront plus intenses. En revanche, certains précisent qu’ils seront en effet plus fréquents.

Une étude japonaise précise également que les ouragans se déplaceront différemment. Ils iront davantage dans les terres, alors qu’ils avaient tendance jusqu’à maintenant à avoir lieu principalement le long des côtes.. Il se pourrait également que les ouragans et cyclones se déplacent moins vite. Quelles seraient les conséquences ? Des dégâts plus importants sur les zones concernées.

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Les sécheresses

La majorité des études s’accordent sur le fait qu’elles seront plus fréquentes, plus longues et plus intenses. Il est important d’ailleurs de distinguer les deux types de sécheresses :

• Les sécheresses météorologiques : Cela correspond à un déficit prononcé et prolongé de précipitations. C’est par exemple ce qui s’est passé début 2023 avec plus de 27 jours sans pluie. Logiquement, cela conduit en général à une sécheresse des sols et donc à des risques pour l’agriculture et le vivant au sens large.
• Les sécheresses hydrologiques : Cela fait écho soit à un déficit de débit au niveau des cours d'eau soit à un niveau anormalement bas comparé aux moyennes sur une saison équivalente. Les répercussions sont également conséquentes (agriculture, tourisme, industrie, etc…)

La majeure partie de l'Europe sera concernée par ces deux phénomènes d’ici la fin du. Seule l'Europe du Nord pourrait être légèrement épargnée. A l’inverse, c’est le sud de l'Europe qui devrait être le plus touché.

Carte de l’évolution de la fréquence des sécheresses météorologiques d’ici la fin du siècle

Changements prévus dans la fréquence des sécheresses météorologiques pour deux scénarios d'émissions

"En Europe méridionale, les sécheresses graves devraient devenir plus fréquentes. La fréquence des sécheresses devrait également augmenter en Europe centrale et occidentale, tandis qu'elle pourrait diminuer dans certaines régions limitées d'Europe du Nord." (Source : European Environment Agency)

Scénario d'émissions moyennes (période 2041-2070, par rapport à 1981-2010)

Scénario à fortes émissions (période 2041-2070, par rapport à 1981-2010)

L’augmentation du niveau de la mer

C’est un sujet maintenant largement reconnu.

Toutes les régions côtières d'Europe ont déjà connu une augmentation du niveau absolu de la mer, et cela va s’accentuer dans les prochaines décennies. Les répercussions sont variées et importantes : écosystèmes côtiers, ressources en eau, établissements humains, infrastructures et vies humaines.

Le GIEC prévoit une élévation du niveau de la mer au cours du XXIe siècle de l'ordre de 0,29 à 0,59 m pour un scénario à faibles émissions et de 0,61 à 1,10 m pour un scénario à fortes émissions. D’autres études sont plus pessimistes. Certaines vont même jusqu’à dire que l'élévation du niveau moyen mondial de la mer pourrait être située entre 2,3 et 5,4 m.

Voici une carte de la hausse prévue du niveau relatif de la mer à la fin du 21e siècle pour deux scénarios et en comparaison avec la période 1981-2010

Projection de l'élévation du niveau relatif de la mer d'ici la fin du 21e siècle pour deux scénarios d'émissions, par rapport à la période 1981-2010

"Selon le scénario de faibles émissions, les côtes européennes connaîtraient une élévation du niveau moyen de la mer comprise entre 0,2 m et 0,4 m, à l'exception du nord de la mer Baltique et de la côte atlantique septentrionale, qui subissent une élévation considérable des terres en raison du rebond post-glaciaire. Dans le cadre du scénario de fortes émissions, les côtes européennes connaîtraient une élévation du niveau moyen de la mer comprise entre 0,4 m et 1,0 m (jusqu'à 2,5 m selon certaines études), à l'exception du nord de la mer Baltique et du nord de la côte atlantique, qui subissent une élévation considérable des terres en raison du relèvement post-glaciaire." (Source : European Environment Agency)

Scénario d'émissions faibles

Scénario à fortes émissions

Les événements climatiques extrêmes sont-ils plus fréquents qu’avant ?

La réponse est oui.

Nous ne pouvons pas totalement arrêter le processus. En revanche, nous pouvons grandement le ralentir. Et dans ce combat, chacun a son rôle à jouer. Les entreprises, les associations, les gouvernements, les particuliers.

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