Quel climat à Bordeaux en 2050?

3 évolutions majeurs à Bordeaux en lien avec le réchauffement climatique

Pour cette rubrique, on se base sur des données partagées par l’AFP et réalisées par Météo France. Et plus concrètement ? Météo France fournit des estimations de la situation climatique dans les différentes communes de France, et ce pour les prochaines décennies. Il est alors possible de comparer l'évolution par rapport aux périodes précédentes. Ensuite, les projections sont adaptées selon 3 scénarios proposés par le GIEC (optimiste, intermédiaire, pessimiste).

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La hausse des températures à Bordeaux

Sur l’ensemble de la commune, la température moyenne entre 1976 et 2005 était de 13 °C. Selon les projections, elle pourrait augmenter entre +1,1 °C et +2,3 °C d’ici à 2050. Un changement radical qui aurait un impact de grande ampleur sur la métropole (étés plus chauds et plus longs, sécheresses, canicules, hivers plus doux, pluviométrie plus faible, etc…).

Pourtant, Bordeaux reste une des villes les moins impactées en France. Près de 77 % du territoire se réchaufferont plus rapidement.

Bon à savoir : Cette évolution de la moyenne des températures est assez proche de celle que l’on devrait observer dans les autres villes du Sud-Ouest de la France (Arcachon, Bayonne, La Rochelle, Angoulême, Périgueux, Agen, etc….)

Le volume de jours anormalement chauds

D’abord, rappel de ce que l’on entend par “jour anormalement chaud”. Selon cette source, il s’agirait d’un “jour faisant partie d'une période anormalement chaude durant plus de 5 jours pendant lesquels la température maximale quotidienne dépasse de plus de 5°C une valeur climatologique de référence".

Autrement dit ? La température dépasse de 5°C les moyennes enregistrées sur cette saison en temps normal. Au début du 21ème siècle, ce nombre de jours était d’environ 39 par an à Bordeaux. Selon les scénarios, le nombre de jours anormalement chauds pourrait monter entre 58 et 89 selon les scénarios climatiques envisagés. Plus du double dans le pire des cas.

L’augmentation de la fréquence des canicules

La notion de canicule dépend des régions.

Dans le langage commun, on parle par ailleurs de canicule quand les températures observées sont élevées jour et nuit pendant trois jours d'affilée. En Gironde, on parle de canicule lorsque le cap de 35°C est passé la journée et 31°C la nuit.

Ces dernières décennies, il y avait en moyenne 7 nuits caniculaires par an à Bordeaux. En 2050, ce nombre pourrait passer devrait être entre 14 et 28. Une large augmentation qui aurait de grandes conséquences notamment pour les personnes à risque.

Quelles seront les conséquences du réchauffement climatique sur le bassin bordelais ?

Multiples. Selon les scientifiques, voici les principaux événements auxquels on peut s’attendre :

• Augmentation des phénomènes climatiques extrêmes (tempêtes, inondations, etc…)
• Baisse de la fréquence des pluies
• Augmentation du risque de sécheresse
• Des sols à risque et plus secs
• Manque de ressources en eaux

Quels enjeux pour les vignobles bordelais d'ici à 2050 ?

C’est un sujet que Valéry Laramée de Tannenberg et Yves Leers abordent dans leur ouvrage "Menace sur le vin, les défis du changement climatique" (publié en octobre 2015).

Dans ces pages, ils tentent d’apporter des réponses à des questions souvent posées : quels enjeux sur la qualité du raisin ? Quels niveaux de production espérer dans le futur ? Comment les enjeux de l’eau impacteront les vignobles ? Quelles conséquences sur les méthodes de culture ? Et sur la teneur en sucres ? Les cépages vont-ils devoir évoluer ? Et le taux d’alcool ?

On estime aujourd’hui qu’il y a environ 120.000 hectares du terroir girondin et près de 10.000 exploitations. Ces dernières pourraient subir d’ici 2050 des hausses de température estivales de 5° à 10°C… Selon les scientifiques les interprétations varient. Certains disent que 50% du vignoble français pourrait disparaître d'ici à 2050. Ils prévoient également que la production de vin français pourrait s'effondrer de 29% par rapport à 2020, selon le ministère de l'Agriculture, à 33,3 millions d'hectolitres.

Bref, le tableau n’est pas réjouissant. Le vin est un pilier de cette région et un emblème national. Une raison de plus de lancer des actions dès maintenant, pour limiter la casse sur le long terme.

Quel plan Climat Air Énergie Territorial (CAET) pour Bordeaux ?

Un objectif de neutralité carbone à 2050

En 2017, la métropole de Bordeaux a adopté son premier plan climat.

Il a depuis été révisé, notamment en 2021, afin de revoir les objectifs à la hausse. L'objectif défini est maintenant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Ce plan, qui rassemble tous les acteurs de cette zone géographique (habitants, associations, entreprises), repose sur plusieurs feuilles de route adoptées depuis (mobilité, économie, déchets, rénovation énergétique du bâti privé, productions d’énergies renouvelables...).

Bon à savoir : La neutralité carbone s’appuie sur deux axes. D’abord la réduction des émissions de carbone générées, et ensuite la compensation de celles-ci. Cela ne signifie donc pas que la métropole vise un objectif de zéro émission de carbone.

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Le bilan carbone à date de la métropole de Bordeaux

Pour avancer efficacement, la première étape était de réaliser un bilan carbone de l’état actuel des émissions de CO2. Et avant d’aller plus loin, un point important. La métropole en tant que collectivité n’est à l’origine que de 8% des émissions. Les 92% restants sont liés à l’activité de tous les autres acteurs (citoyens, entreprises, associations, structures publiques ou para-publiques). Autrement dit ? La métropole est une administration, l’impact reste limité par rapport aux autres acteurs de la ville.

En théorie, les territoires en France ont obligation d’intégrer dans leur bilan carbone uniquement les émissions de scope 1 et 2. Pourtant, on voit avec le schéma ci-dessous qu’avec cette approche, une bonne partie des émissions ne sont pas prises en compte (les barres qui apparaissent en rayé). La Métropole de Bordeaux a fait le choix d’intégrer le scope 3 afin d’avoir une vision plus complète de son impact.

Résultat: L’objectif est de diviser par 6 ses émissions d’ici à 2050 et par rapport à 1990.

Les 3 axes clés du plan climat de Bordeaux

Dans la mise en place d’un plan climat, il existe une infinité de possibilités. La ville de Bordeaux à choisi de se concentrer en priorité sur 3 axes (déclinés en 55 actions) :

• Penser autrement : Il s’agit ici de permettre à chaque partie prenante de comprendre les enjeux et de leur donner les moyens de s’engager (formation, sensibilisation, encourager la coopération, donner de la visibilité à la trajectoire carbone, etc…)
• Faire autrement : L’objectif est ici d'accompagner le développement de l’activité économique (favoriser la transition des industries locales, encourager le déploiement de nouvelles solutions de préférence celles permettant de séquestrer le carbone, développer la production d’énergies renouvelables, produire sobrement, etc…)
• Vivre autrement : L’enjeu est ici de créer un contexte favorable pour tous, en adaptant la façon de vivre (déplacements, habitat ou locaux professionnels, consommation, aménagements urbains, végétalisation, équipements pour optimiser la qualité de l’air, etc…)

💡Pour aller plus loin, consultez le Plan Climat 2023-2028 de la ville de Bordeaux.

Quels sont les défis à relever ?

Les défis sont similaires à la majorité des métropoles en France.

Qualité de l’air, températures, inclusion, qualité de vie au sens large, bien-être des habitants… Autant d’éléments qui risquent d’être mis à mal par les effets du réchauffement climatique (notamment les points évoqués plus haut).

La planification urbaine doit prendre en compte ces enjeux, et c’est justement le rôle du fameux plan climat. Ce dernier a d’abord été poussé à l’échelle nationale, pour ensuite inviter chaque collectivité à prendre les devants et mettre en place une déclinaison à l’échelle locale.

Vers une métropole bordelaise paisible demain

Bordeaux est une ville de 250 000 habitants, et la population devrait croître dans les prochaines années. En y ajoutant les enjeux liés au réchauffement climatique, de nombreuses choses vont devoir être mises en place afin de conserver un cadre de vie agréable pour tous. Un plan d’action a déjà été lancé, reste à voir les résultats et ajustements qui seront faits dans les prochaines années. Il sera intéressant de suivre les mêmes avancées à l’échelle du pays, et de chaque région.