Comptabilité de l’empreinte carbone : quels enjeux et quelles limites ?

Comptabilité de l’empreinte carbone : quels enjeux et quelles limites ?

La comptabilité à longtemps pris en compte uniquement la dimension financière. Pourtant, les activités (que ce soit pour des services ou des produits) ont un impact à l’extérieur de l’entreprise, sur l’environnement. Depuis quelques années, quelques acteurs du monde de la finance se battent pour intégrer cette dimension dans la comptabilité.

août 2023

11 min

Concrètement, quels sont les contours de cette nouvelle approche comptable ? Comment l’intégrer au sein de son entreprise ? Qu’en est-il dans le secteur bancaire ? On vous dit tout dans cet article.

Qu’est-ce que la comptabilité carbone ?

On parle aussi de Carbon Accounting, pour la version anglaise.

C’est une branche de la comptabilité qui a pour objectif de calculer et quantifier les émissions de gaz à effet de serre générées par les activités d'une entreprise afin de les intégrer dans son bilan global et sa stratégie. Autrement dit ? Intégrer les externalités générées sur l’environnement dans le monde économique.

Cette double comptabilité repose sur plusieurs référentiels et méthodologies :

  • Le GHG Protocol
  • La méthodologie Bilan Carbone (méthode la plus utilisée en France)
  • La norme 14064 (revisitée en ISO 14064-1:2018)

Plus concrètement, la comptabilité carbone permet de dresser un état des lieux précis des émissions de GES générés par les activités d'une entreprise (que ce soit dans le service ou dans la fabrication de produits), d'identifier les sources principales de ces émissions et de mettre en place un plan d’actions détaillé afin de les réduire.

En d’autres mots ? La comptabilité devient un véritable outil au service de la transition énergétique.

Quels sont les 5 piliers de la comptabilité carbone pour les entreprises ?

La comptabilité carbone est une première étape largement appréciée par les entreprises. C’est un outil idéal pour faire un bilan de l’état actuel des émissions générées par l’entreprise.

En France, cette démarche est obligatoire pour certaines entreprises, optionnelle pour d’autres. Et de plus en plus prennent l’initiative de le réaliser de manière spontanée. Explications des 5 piliers de la comptabilité carbone.

Mesurer et quantifier les émissions de GES

La première étape, c’est le bilan. Cela permet de savoir où on en est et où l’on va.

Pour cela, il faut quantifier précisément les différents postes qui génèrent de l’impact carbone. A ce stade, il s’agit d’un simple constat et également d’une sensibilisation. Cette dimension est d’ailleurs essentielle. Afin d’engager une stratégie efficace sur le sujet, il est clé que chaque partie prenante de l’entreprise comprenne les enjeux et se sente concernée par ces derniers.

Pour être menée avec succès, la stratégie climat doit en effet être incarnée par chaque collaborateur. Elle pourra d’ailleurs être poussée à la fois par les responsables du sujet, mais ce sera également l’occasion de voir naître des initiatives à tous les échelons.

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Identifier les secteurs d’amélioration

Une fois le bilan réalisé, la comptabilité carbone permet d'identifier les sources principales d'émissions de GES d'une entreprise. L’enjeu est alors d’identifier ceux sur lesquels il y a le plus de marge de manœuvre, ceux où il est possible d’agir vite et efficacement, ceux qui vont nécessiter plus de temps et de moyen afin d’être changés efficacement.

Ce classement peut être fait en interne, selon la grille d’évaluation et les objectifs définis par l’entreprise. Cette démarche va alors permettre de clarifier la feuille de route et de préciser les enjeux à court terme et ceux qui interviendront sur un temps plus long.

💡Bon à savoir : Il peut être intéressant d’identifier les “quick win”. Ce sont ces actions qui peuvent être mises en place rapidement, à moindres coûts, et avec un impact important. C’est une façon positive d’embarquer les équipes et de leur donner envie de s’impliquer dans les prochaines étapes.

Valider une stratégie ambitieuse

Vous connaissez à cette étape les leviers sur lesquels agir. Votre feuille de route est claire. Pour valider l’ensemble de cette démarche, il est clé d’y associer également des objectifs précis, quantifiables et vérifiables. Ces objectifs doivent également être connus de vos parties prenantes, afin qu’ils puissent suivre les avancées.

💡Bon à savoir : Il est conseillé de présenter cette feuille de route à l’ensemble de vos équipes dès le début. Cela fait partie de l’étape essentielle de sensibilisation.

Passer à l’action

Après le bilan, place à l’action. Il s’agit de se retrousser les manches pour réduire réellement les émissions de CO2 générées par les activités de l’entreprise.

Pour cela, il est recommandé de désigner un responsable sur le sujet. Dans l’idéal, cette personne est en interne et infuse ainsi la démarche quotidiennement. Quand ce n’est pas possible, il est également faisable de passer par un consultant externe.

Ensuite, il s’agit de donner les moyens d’agir efficacement. Cela implique de lui délivrer les moyens dont elle a besoin (financier, humains, formation, etc…).

Quelques exemples d’actions qui peuvent être mises en place :

  • Passer à un fournisseur d’énergie verte (ou investir dans des panneaux solaires)
  • Mettre en place le tri sélectif dans l’ensemble des bureaux et usines
  • Relocaliser la fabrication de certains produits ou matériaux
  • Former l’ensemble des équipes aux enjeux écologiques via la Fresque du Climat ou les ateliers 2tonnes
  • Déployer une stratégie autour du numérique responsable

Répondre aux attentes des parties prenantes

Les parties prenantes sont de plus en plus attentives aux enjeux climatiques.

La double comptabilité ficale et carbone est un outil permettant à l’entreprise d’y répondre. Consommateurs, fournisseurs, candidats, partenaires, investissements… Les entreprises peuvent démontrer leur engagement dans la réduction des émissions de GES à travers une comptabilité carbone rigoureuse.

C’est une façon de construire une relation solide, plus transparente et basée sur la confiance. Cela peut également être un véritable levier pour la marque employeur.

6 étapes clés pour réaliser un bilan GES

Nous l’avons évoqué plus haut, le bilan carbone est un outil privilégié pour effectuer une double comptabilité carbone et financière. Selon les cas, la mise en place peut être sensiblement différente, mais voici un aperçu des 6 étapes clés.

Définition du périmètres de mesure de l'empreinte

L’objectif est ici de définir le périmètre de mesure de l'empreinte carbone de l'organisation. On parle de Scope. Scope 1, 2 et 3 pour être plus précis. Explications :

  • Scope 1 : ce sont les émissions directes de l'entreprise
  • Scope 2 : ce sont les émissions indirectes liées à la consommation d'énergie
  • Scope 3 : ce sont toutes les autres émissions indirectes

Comme vous pouvez l’imaginer, plus vous choisissez un scope large, plus votre bilan sera complet et pertinent. Il est important de noter qu’il sera en toute logique également plus long à réaliser, plus complexe et souvent plus coûteux. Étant donné que c’est le pilier de votre stratégie climat, dans la mesure du possible, faites au mieux pour mettre en place les 3 scopes.

Les entreprises ont également la possibilité de calculer leur scope 4, soient les émissions qu'elles ont évitées.

Collecter les données sur les émissions de GES

Une fois le scope choisi, c’est la phase de collecte. En d’autres mots ? Il s’agit de collecter l’ensemble des données liées aux émissions de GES de l'entreprise.

Cela va passer par les différents pôles, les différentes équipes, les différentes filiales (le cas échéant). Cela peut inclure des données aussi larges que la consommation énergétique, les émissions liées aux déplacements des employés, les émissions liées à la production et aux processus industriels, ou encore les émissions liées à la gestion des déchets.

Il est essentiel d’être le plus exhaustif et précis possible.

Calculer les émissions de GES

Vous avez maintenant à la fois le scope et les données. Il ne vous reste plus qu’à calculer l'impact carbone des activités identifiées et listées.

Cela peut se faire en interne. Il est également possible, et souvent conseillé, de passer par un organisme externe certifié. Cela permet de garantir l’objectivité et la pertinence des résultats.

Aujourd’hui, il existe de nombreux organismes de ce type, partout en France. Il est d’ailleurs parfois possible d’obtenir des subventions afin de vous aider dans la concrétisation de votre démarche.

💡Bon à savoir : les émissions de chaque scope doivent être calculées séparément et ensuite agrégées pour obtenir le total des émissions de GES de l'entreprise. Vous aurez ainsi un chiffre global, qui vous permettra de définir l’objectif phare, puis une lecture plus fine qui viendra en soutien de la feuille de route.

Analyser les résultats et identifier les actions à entreprendre

Vous avez les chiffres entre vos mains, il s’agit de les interpréter. Cette analyse va vous permettre de préciser le plan d’action. En effet, rien de pire qu’un plan d’action inadapté, dont vous n’arriverez pas à atteindre les objectifs.

Un point essentiel en plus. Il est clé d’identifier des objectifs à court terme (donc dans l’année à venir) mais également à long terme (une ou plusieurs années). En effet, les enjeux climatiques et objectifs définis par exemple par les Accords de Paris sont à horizon 2050. Nous devons penser plus long terme pour pouvoir agir efficacement.

💡Bon à savoir : Sur le site de l’ADEME, il existe une base de données publique avec une large panoplie de bilans carbones réalisés par des centaines d’entreprises. Il est notamment possible de consulter les résultats. C’est une excellente ressource pour voir par exemple des exemples de plans d’actions et bilans dans des secteurs proches du vôtre.

Mettre en œuvre les actions de réduction des émissions

C’est le déploiement. Il s’agit d’identifier les personnes qui seront responsables du bon déploiement du plan d’action, à différents niveaux. Un point important ici : cela ne peut être porté par une seule personne. Cette stratégie doit être incarnée aussi bien au niveau des dirigeants que des managers et des différents collaborateurs.

Pour que tout se passe au mieux, attribuez les moyens adaptés à l’ambition que vous vous êtes fixé. Moyens humains (recrutement, évolution de carrière, etc…), moyens financiers (recherche de fonds, nouveaux budgets, etc…), moyens en termes de formation.

Cela va dans de nombreux cas nécessite de nouvelles compétences, la formation est un enjeu clé (conférence, tables rondes, ateliers pédagogiques, etc…). soyez à l’écoute des besoins de vos équipes.

Suivre les progrès et mettre à jour le bilan GES

Ici, il s’agit de définir des bilans intermédiaires. Rien ne sert d’attendre la fin de l’année ou de la période définie pour voir où vous en êtes. Au contraire, mettez en place des processus qui vous permettent de suivre les avancées au fil de l’eau.

Vous pourrez ainsi ajuster au besoin, débloquer de nouveaux moyens, adapter certains processus afin de vous assurer que tout aille bien dans le bon sens.

Chez helios, nous avons fait l’exercice en décembre 2022 grâce à l’organisme indépendant Greenly et nous avons pu établir que les comptes helios étaient les plus verts de France :

Pour résumer, le déploiement d’une stratégie de comptabilité de l’empreinte carbone doit se faire en collaboration avec vos équipes et en bonne entente. Il est clé d’écouter les besoins afin d’avancer intelligemment et efficacement.

Qu’en est-il de l’empreinte carbone des banques et des répercussions pour les particuliers ?

Le secteur bancaire n’est pas toujours le plus transparent, au contraire. Pourtant, on sait aujourd’hui que l’impact de l’épargne (entreprises comme particuliers) est colossal.

La majorité de cette épargne est placée par les organismes de financements dans les énergies fossiles ou autres secteurs à fort impact environnemental.

Selon les données d'Oxfam comme de Greenly, pour environ 4000€ placés dans une des 3 plus grandes banques françaises, c’est 2 tonnes de CO2 générés par an (soit ce qu’un habitant français est censé générer au maximum à lui seul sur une année).

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Quelles sont les limites de la comptabilité carbone dans le secteur bancaire ?

Passer à une banque verte est une bonne initiative. Il est en revanche important de préciser que ce n’est pas parfait non plus. Explications.

L’impact individuel du changement

A la fermeture de votre compte dans une banque classique, vous n’évitez pas la totalité des tonnes de CO2 émises car la banque continue ses activités.

En revanche, en ouvrant un compte dans une banque éthique, vous avez la garantie de savoir où est placée précisément votre épargne (projets à impact, tonnes de CO2 évitées, etc…). Autrement dit ? Vous financez la transition énergétique. Et plus on est à faire cette démarche, plus on pourra changer les choses à grande échelle.

C’est exactement la même chose que dans le domaine énergétique. Aujourd’hui, en choisissant un fournisseur d’énergie verte, vous n’évitez pas 100% des émissions de CO2 que vous générez. En effet, la seule garantie est que votre fournisseur investit au moins le montant que vous dépensez dans le financement d’installation d’énergies renouvelables. Rien de parfait à date mais une façon de financer l’avenir. Et c’est en partie comme ça que l’on pourra avoir un parc énergétique constitué à majorité de solutions d’énergies renouvelables.

La double comptabilité de l’empreinte carbone d’une banque

Lorsque l’on établit son empreinte carbone bancaire individuelle, on regarde en réalité l’impact carbone des investissements (scope 3) réalisés par sa banque (par rapport à la part que l’on a investi individuellement).

Or ces investissements sont faits dans des projets concrets que l’on est susceptibles d’utiliser au quotidien (des infrastructures pétrolières ou gazières qui vont nous permettre d’alimenter notre voiture ou de chauffer notre maison par exemple). Ainsi, lorsque l’on va établir son empreinte carbone classique, en indiquant ses moyens de déplacement, de chauffage, etc, on va déjà prendre en compte l’impact environnemental de ces infrastructures.

Et les infrastructures sont alors comptabilisées deux fois dans son bilan carbone : au niveau de son empreinte carbone bancaire, et au niveau de ses habitudes de consommation. C’est ce que l’on appelle la double comptabilité de l’empreinte carbone.

Pour autant, le fait d’établir ces deux empreintes carbones distinctes n’est pas à jeter par les fenêtres. Il s’agit plus d’outils pour nous permettre d’agir et de réduire son impact environnemental :

  • au niveau de sa consommation quotidienne en adoptant des éco-gestes
  • au niveau bancaire en passant chez une alternative transparente et éthique afin d’avoir un droit de regard sur sur argent

Il ne faut pas oublier que chaque geste compte et que ces différents leviers d’action peuvent être actionnés en parallèle !

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