Avez-vous le Flygskam : la honte de prendre l'avion ?

Avez-vous le Flygskam : la honte de prendre l'avion ?

On connaît tous l’impact écologique du transport aérien sur l'environnement, mais ressent-on la honte ou la culpabilité de prendre l’avion pour ces raisons ? Initié par la jeune militante Greta Thunberg et le présentateur sportif Björn Ferry, en Suède, qui ont communiqué leur décision de ne plus prendre l’avion pour leurs voyages, le mouvement Flygskam inonde les réseaux sociaux depuis 2018. Et, il semblerait que cela ait un impact sur les décisions de prendre ou non l’avion !

mai 2023

6 min

Qu’est ce que le flygskam ?

Par passager, les émissions d’un trajet aérien sont de 285g de Co2 contre 15g pour le train. Le Flygskam ou Flight shame en anglais, est la honte de réaliser ses voyages en raison du rôle de ce mode de transport dans le changement climatique. Né en Suède en 2018 avec Greta, le mouvement résonne sur les réseaux sociaux, en Suède et dans d'autres pays Europe, puis aux Etats-Unis avec le hashtag #Flygskam. Des comptes instagram dénoncent par exemple les comportements de personnalités publiques prenant des jets privés ou d’influenceurs voyageant à outrance en avion.

En termes de trafic aérien, qu’en disent les chiffres ?

Hors des réseaux sociaux, la prise de conscience climatique et le sentiment de honte de prendre l’avion ont-ils réellement changé les comportements des voyageurs ? Quel est l’impact sur le secteur ?

Une étude de 2019 réalisée par l’Union des banques suisses (UBS) auprès de personnes de plusieurs nationalités, révèle une augmentation du désintérêt pour les voyages en avion. Sur 6000 personnes sondées aux États-Unis, en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, 21% (1 personne sur 5) ont déclaré avoir réduit leur nombre de vols ou avoir évité de prendre l’avion, pour des raisons environnementales durant l’année 2019. En termes de trafic, sur cette période, les vols intérieurs en Suède ont diminué de 3,6% pour l’année 2018 et 9% pour l’année 2019. L’Allemagne, qui suit le modèle Suédois, a pu observer une baisse de 8,6% des vols intérieurs au dernier trimestre de l’année 2019. A l’inverse, en France, le Flygskam ne semble pas avoir eu de véritable impact sur le trafic aérien intérieur qui a augmenté de 2,4% entre 2018 et 2019.

Le WWF a aussi publié en mars 2019, une enquête indiquant que près d'un Suédois sur cinq avait choisi au moins une fois le voyage en train plutôt qu'en avion afin de minimiser son impact sur l'environnement.

Des initiatives pour éviter le transport aérien

Des communautés “Flygskam”

De nombreuses initiatives naissent dans plusieurs pays pour inciter les voyageurs à ne plus prendre l’avion et réduire leurs émissions. Aux États-Unis, sur le site Flying Less, une pétition a par exemple été lancée pour appeler les universités à limiter le nombre de voyages professionnels en avion. En Suède, une initiative intitulée Flygfrit, “Sans avion”, veut fédérer 100 000 personnes prêtes à s’engager à ne pas prendre l’avion en 2020.

Des entreprises engagées

Certaines entreprises, conscientes de l’enjeu climatique s’y mettent aussi en s’engageant à accorder des jours de congé supplémentaires aux employés qui choisissent de voyager en train ou d’emprunter des moyens de transport moins polluants que l’avion pour leurs voyages. C’est ce qu'à fait Ubiq, société dans le secteur de la location de bureaux en France, en octroyant 2 jours de congés supplémentaires par an à ses salariés, pour voyager avec un moindre impact.

Une taxe sur les vols fréquents

“Le problème n’est pas le nombre de passagers, mais bien le nombre de vols par passager” affirme Saskia Cousin, sociologue du tourisme, dans une interview pour France Inter. Et si taxer les vols était une solution ? Greenpeace, Friends of the Earth et la New Economics Foundation, soutiennent l’instauration d’une taxe sur les vols fréquents.

Le renouveau du train

Sur les réseaux sociaux, à l’inverse du Flygskam, le Tågskryt, né aussi en Suède, est un mouvement qui indique la fierté de prendre le train. De nombreux groupes et comptes Instagram prônent ce mode de voyage, comme le groupe Facebook vélo et train en France.

Le gouvernement français soutient aussi cette tendance en travaillant avec la SNCF à la remise en fonction des petites lignes pour desservir les territoires. La Première ministre, Élisabeth Borne, a d’ailleurs annoncé le 24 février 2023 que 100 milliards d’euros seraient investis dans le développement du train d’ici à 2040, dans le cadre du plan d’avenir pour les transports. Enfin, partout en Europe, les trains de nuit réapparaissent.

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En savoir plus

Lucie Croissant, sportive de haut niveau nous explique son choix de ne plus prendre l’avion.

Ultra-trail, raid, Ironman, Norseman… le sport, est le moteur de Lucie Croissant. Douée et reconnue dans son sport, pour des championnats, elle est partie à l’autre bout du monde. En 2016, lorsqu'elle décide de faire plus attention à sa façon de consommer et qu’elle calcule son empreinte carbone sur le site de la WWF, elle réalise sa contribution importante à la pollution et sa responsabilité individuelle face aux enjeux du climat.

“Toi, à ton niveau, tu ne vas quand même pas te poser la question d’arrêter de prendre l’avion ?”

Lucie se rappelle d’une discussion avec un collègue lorsqu’elle a remis en question le fait de prendre l’avion : “Toi, à ton niveau, tu ne vas quand même pas te poser la question d’arrêter de prendre l’avion ?” Cette remarque l’interroge sur sa légitimité en tant que sportive de haut niveau : “Mais qui a le droit ou pas ?” Pour elle, nous avons tous nos raisons, nos excuses pour continuer de prendre l’avion. Finalement, c’est pour être cohérente et aligner ce qu’elle pense avec qui elle est, qu’elle fait ce choix de ne plus le prendre.

La honte se répand à d’autres activités

Après le secteur aérien, l’industrie du ski ? Les médias autrichiens sont les premiers à l’avoir remarqué : de plus en plus de personnes rejettent les sports d'hiver à cause de leur bilan carbone. Ce phénomène s'appelle le skischam, "honte de skier" en allemand. En cause ? Principalement les déplacements en voiture pour se rendre au pied des pistes, qui représentent plus de 70% du bilan carbone du ski. La préservation de l'environnement semble en tout cas être à la mode et les mouvements sociaux pour réduire ses émissions pourraient bien s’étendre à divers secteurs ces prochaines années !

Sources :
Reporterre: "L’État promet 100 milliards d’euros pour le train"

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