Le changement climatique va-t-il accentuer les migrations de population

Qu’entend-on par migration climatique ?

Certains experts parlent de “migration environnementale”.

Commençons par un point essentiel : les migrations climatiques ne sont pas nouvelles. Depuis l’histoire de l’humanité, il y a toujours eu de nombreux mouvements de population liés à des phénomènes climatiques extrêmes ou à l’évolution du climat dans certaines zones. Ce qui inquiète, c’est le fait que cela s’accélère grandement en raison du réchauffement climatique.

Quelques chiffres pour mieux comprendre le sujet :

• 216 millions : D’ici 2050, l’Afrique subsaharienne pourrait enregistrer jusqu’à 86 millions de migrants climatiques internes. L’Asie de l’Est et Pacifique, 49 millions ; l’Asie du Sud, 40 millions ; l’Afrique du Nord, 19 millions ; l’Amérique latine, 17 millions ; et l’Europe de l’Est et Asie centrale, 5 millions. Cela représente presque 3 % de la population des six régions étudiées (Europe de l'Ouest et Amérique du Nord n’ont pas été intégrés dans cette étude).
• 9 % : L'Afrique du Nord serait la région la plus touchée avec pas moins de 9 % de sa population qui risquerait de devoir migrer pour survivre dans les 30 prochaines années. C'est 2 fois plus que toutes les autres régions analysées dans l’étude.
• 13,3 millions : Certains pays sont plus concernés que d’autres. Le Bangladesh représenterait près de la moitié des migrants climatiques de l'ensemble de l'Asie du Sud. En 2050, cela représente environ 13 millions de déplacés climatiques, sur les 35,7 millions prévus dans le scénario moyen du rapport
• 10 ans : C'est le délai nécessaire pour engager des changements et atténuer l’impact du réchauffement climatique. Oui, c’est un peu comme un gros paquebot déjà lancé. Entre le moment où on fait les ajustements et le moment où on voit les résultats, il y a un long délai. C’est la raison pour laquelle on entend souvent qu’il faut agir le plus tôt possible.

Source : Carbon Brief, Attributing extreme weather to climate change

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3 exemples de causes des migrations climatiques

Il y a des milliers de causes potentielles mais zoomons ici sur 3 exemples de phénomènes extrêmes qui entraînent des migrations climatiques à travers le monde.

• Les cyclones, pluies torrentielles et inondations : Ces phénomènes apparaissent de manière brusque et violente. En général, ils détruisent de très nombreux habitats sur leur passage, ce qui engendre en toute logique des mouvements de population. Selon une étude réalisée en 2009, il y aurait déjà eu environ 99 millions de personnes touchées entre 2000 et 2008 par les inondations et 39 millions par les cyclones tropicaux et tempêtes. ll est plus compliqué de réaliser une estimation sur les décennies à venir. En revanche, ce que l’on sait, c’est que ces phénomènes devraient être plus fréquents et plus violents.
• La sécheresse et les réserves d’eau douce : Selon la même étude citée plus haut, il y aurait eu entre 2000 et 2009 plus de 83 millions de personnes touchées chaque année par des phénomènes de températures extrêmes, sécheresses et/ou incendies de forêts. On en a d’ailleurs beaucoup entendu parler pendant l’année 2022 (feu dans le sud de la France, feu en Espagne, feu en Australie, etc…). Les zones habitables sont alors parties en fumée et ont provoqué de nombreux déplacements internes, au sein des pays concernés. Dans la même lignée, la baisse des quantités d’eau douce disponible provoque aussi des migrations importantes. C’est plus difficile à mesurer parce que cela se fait progressivement, mais l’impact est colossal.
• L’élévation du niveau de la mer : C’est le point sur lequel il y a le moins de débat. En effet, c’est un phénomène irréversible qui se manifeste de façon à peu près linéaire sur une longue période de temps. Autrement dit ? On a déjà les résultats de ce qui se passe ces dernières années. On peut donc raisonnablement faire une projection sur ce qui nous attend. Plus de 20 % de la population mondiale vit actuellement à moins de 30 km des côtes selon un rapport partagé par le Sénat. Zones côtières qui sont amenées pour beaucoup à disparaître. Cela va donc probablement engendrer de nombreux mouvements de populations.

La carte des migrations climatiques estimées à travers le monde en 2050

D’ici 30 ans, voilà les migrations climatiques qui pourraient avoir lieu :

• Afrique subsaharienne : jusqu’à 86 millions de migrants climatiques internes
• Asie de l’Est et Pacifique : 49 millions
• Asie du Sud : 40 millions
• Afrique du Nord : 19 millions
• Amérique latine : 17 millions
• Europe de l’Est et Asie centrale : 5 millions

Ces données sont basées sur une étude qui n'analyse par l'Europe de l'Ouest et l’Amérique du Nord.

Quels liens entre réchauffement climatique et migration ?

Le réchauffement climatique vient accentuer les phénomènes extrêmes et modifier les conditions de vie dans sur une bonne partie de la planète. Dans de nombreux pays, cela devient trop extrême et implique donc que les populations soient amenées à se déplacer. Par ailleurs, les migrations climatiques seraient une fois de plus un phénomène injuste puisqu’elles impacteraient en premier lieu les populations les plus pauvres.

Cela s'explique par 3 raisons :

• Les plus démunis sont souvent plus exposés aux risques climatiques
• Ils sont plus vulnérables aux conséquences néfastes des changements climatiques
• Ils disposent de moins de moyens pour faire face aux dommages subis

Ces données sont basées sur une étude qui n'analyse par l'Europe de l'Ouest et l’Amérique du Nord.

Quelle reconnaissance du sujet des migrations climatiques à l’échelle mondiale ?

Le pacte mondial pour les réfugiés?

Le Pacte mondial pour les réfugiés a été adopté à une écrasante majorité par l'assemblée générale des Nations unies en décembre 2018. L’objectif ? Sensibiliser au sujet des migrations climatiques et renforcer la réponse internationale et les mesures engagées.

Ce document reconnaît que "le climat, la dégradation de l’environnement et les catastrophes naturelles interagissent de plus en plus avec les facteurs des déplacements de réfugiés".

Cela va plus loin. Le pacte mondial pour les réfugiés précise également que la plupart des déplacements de population dus aux risques naturels ou aux changements climatiques se font au sein d'un même pays. Malgré tout, les déplacements transnationaux se produisent également, ce qui peut générer des conflits ou de la violence entre les nations concernées.

Le statut de migrant climatique

Malgré l'inquiétude exprimée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dans son rapport de décembre 2018 et la reconnaissance d'un accroissement des déplacements dus à la dégradation de l'environnement et aux changements climatiques, il n'existe aucune convention reconnue internationalement qui concerne les migrations climatiques.

Autrement dit ? Pas de statut de réfugié climatique, pas de protection particulière. Il y a donc beaucoup de démarches à engager pour changer les choses sur le sujet.