Où en est le phénomène des fermes urbaines ?

Qu’est ce qu’une ferme urbaine ?

L’idée est simple : il s’agit de faire de l’agriculture en milieu urbain. 

Autrement dit ? Produire des fruits, légumes et herbes aromatiques au plus proche des consommateurs. Cette nouvelle forme de culture peut se faire de diverses manières (sur les toits, dans les parkings, dans une cour, à l’échelle individuelle ou collective, etc…). Il est d’ailleurs aussi possible d’aller plus loin. Certains pratiquent de l’aquaponie et permettent ainsi d’avoir des poissons qui ont grandi en ville. 

Ce phénomène rencontre un véritable succès depuis quelques années. C’est une façon de renouer avec son alimentation, de comprendre comment ce que l’on mange est produit, de sensibiliser aux enjeux alimentaires, de réduire la dépendance aux produits importés. Une ferme urbaine pose aussi des questions d’urbanismes puisqu’elle invite à repenser l’espace et contribue à améliorer la qualité de l’air. Bref, à la fois simple mais aussi et surtout au cœur des enjeux de demain.

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Quels sont les différents types d’agriculture urbaine ?

Il existe des dizaines de formes d'agriculture urbaine, adaptées aux espaces et ressources disponibles dans la ville. Voici quelques exemples :

• Jardins communautaires (on parle aussi de jardins partagés) : Ce sont des lieux, créés par les mairies ou collectivités, et mis à disposition des habitants d'un quartier de façon à ce qu’ils puissent cultiver leur propre potager. Ces jardins communautaires sont aussi des lieux de partage, de rencontres, d’échanges. À Paris, ces jardins sont très demandés et la plupart des lieux de ce type sont déjà complets. En revanche, il est possible de s’inscrire sur liste d’attente afin d’être informé dès qu’un espace se libère. 

• Jardins sur les toits : C’est en général la forme que l’on connaît le plus parce qu’elle a bénéficié d’une visibilité médiatique. Cela consiste à utiliser les toits existants et inutilisés pour y installer des jardins et espaces de culture aménagés. C’est une approche très appréciée étant donné qu’elle ne demande pas de libérer un espace ou repenser urbanisme, il s’agit simplement de capitaliser sur l’existant. Cela implique en revanche quelques contraintes opérationnelles (poids limite sur le toit pour sécuriser la structure, logistique, etc…). Souvent, cela permet aussi de bénéficier d’un cadre insolite avec une vue unique sur la ville. 

• Jardins verticaux : comme son nom l’indique, ce sont des structures verticales sur lesquelles sont cultivées des plantes. Ils sont installés sur les murs extérieurs des bâtiments, des clôtures ou même dans les bâtiments (on en voit parfois dans des supermarchés). Si certains permettent de produire quelques herbes aromatiques, ces derniers ont souvent un usage avant tout décoratif.

• Aquaponie : c’est une méthode d'agriculture urbaine qui consiste à combiner à la fois la production de plantes mais aussi l'élevage de poissons. Pour faire simple et schématique, les excréments des poissons présents dans l’eau sont intégrés dans le système hydroponique et permettent ainsi de nourrir les plantes qui pourront donc pousser dans de bonnes conditions. Et dans l’autre sens, les plantes viennent elles nettoyer l’eau et permettent ainsi de garantir un cadre de vie sain pour les poissons. C’est un cercle vertueux.

Il existe bien d'autres formes d'agriculture urbaine (en container, sous serre, etc…), chacune adaptée à des besoins et des contraintes spécifiques. En général, il est d’ailleurs important de noter que chaque installation est souvent faite sur mesure, selon les conditions du lieu et l’espace à disposition.

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Quelles sont les différentes techniques de culture utilisées en agriculture urbaine ?

Dans la même logique que pour le point précédent, les techniques sont très variées. Certaines sont déjà utilisées dans l’agriculture conventionnelle, d’autres ont été pensées spécifiquement pour ce cadre. Quelques exemples pour que vous puissiez mieux vous projeter :

• Hydroponie : cette technique est la plus utilisée aujourd’hui, que ce soit dans l’agriculture classique ou dans l’agriculture urbaine. C’est ce que l’on appelle la culture hors sol. Les plantes poussent dans un substrat qui vient remplacer la terre (ce dernier permet de tenir la plante mais aussi de lui apporter les nutriments dont elle a besoin). La plante est ensuite arrosée par un système de goutte à goutte ou de brumisation. Plus de 75% des fruits et légumes que nous mangeons aujourd’hui en France viennent de ce type de production.

• Aéroponie : il s’agit d’une méthode très proche de celle de l’hydroponie. La seule différence ? Les racines des plantes ne sont plus dans un substrat mais à l’air libre (dans une structure qui permet tout de même de tenir les plantes). Elles sont ainsi nourries par un système de brumisation dans lequel on fait passer à la fois l’eau et les nutriments.

• Aquaponie : nous l’avons évoqué plus haut. C’est un système qui permet de combiner la culture de fruits et légumes et l'élevage de poissons. C’est une approche encore assez rare aujourd’hui mais qui se développe.

• Pleine terre : il est évidemment possible de produire en pleine terre, notamment dans les jardins partagés par exemple. En revanche, cela implique d’être limité par l’espace que l’on a à disposition. La culture verticale (utilisée par l’hydroponie et l’aéroponie) permet de s’affranchir (dans une certaine limite évidemment) de cette limite et de produire davantage que ce la pleine terre permettrait.

Bon à savoir : Il est aussi tout à fait possible de combiner ces différentes techniques et d’imaginer une installation sur-mesure. Tout dépend de l’espace, du besoin et des envies de la personnes qui va produire (de l’agriculteur urbain).

Pour aller plus loin : Qu'est-ce que l'agriculture régénératrice ?

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5 fermes urbaines iconiques en France et dans le monde

• Bercy Beaucoup : Ouvert depuis fin mai, Bercy Beaucoup est un lieu de guinguette et de jardins partagés aux abords de Paris. Pour redonner vie au quartier Bercy-Charenton (12e), quatre associations ont créé un espace convivial, où chacun peut venir boire un verre ou mettre les mains dans la terre. Comme vous le voyez sur la carte ci-dessous il y a notamment un potager et un jardin collectif.

  

• Paris Expo (la plus grande ferme urbaine d’Europe) : Paris accueille la plus grande ferme urbaine du monde. Une exploitation de 14 000 m2 qui surplombe le pavillon 6 du parc des expositions. Dans ce lieu, plus d’une trentaine d’espèces sont cultivées et des milliers de fruits et légumes en sortent chaque jour pour alimenter les habitants du sud de Paris. 

• Le paysan urbain (Marseille) : après un lancement à Paris, cet organisme s’est installé à Marseille en 2018, dans le 13ème arrondissement de la cité phocéenne. Ils y produisent des micro pousses (radis, pois vert, basilic, coriandre, fenouil, aneth, moutarde, pak choï, brocoli, choux rouge, roquette, tournesol, mizuna, etc…) dans deux serres bioclimatiques de 500m2.

• L’agronaute (Nantes) : Située dans l'ancien MIN de Nantes, cette ferme a été créée avec une envie : opérer une transition d'une ville minérale vers une ville comestible. Elle accueille de nombreux résidents sur des sujets variés (production de plantes d’intérieurs, association favorisant la transition écologique, une production de confitures artisanales, etc…).

  

• Brooklyn Grange (New-York) : on part un peu plus puisque cette ferme est installée aux Etats-Unis. Brooklyn Grange exploite deux fermes sur les toits à Brooklyn. Sur place, des fruits et légumes y sont cultivés et ensuite vendus à la communauté locale. Bon à savoir : l’entreprise est également présente dans d’autres villes. Les lieux sont souvent si magiques qu’ils proposent même la privatisation de  certains pour des évènements privés et notamment… pour des mariages.

  

• La caverne (une ferme dans un parking ) : Aujourd'hui, nous partons à la rencontre de Jean-Noël, fermier un peu particulier, qui a décidé de s'installer en plein Paris, dans le 18ème arrondissement. Alors une ferme, en pleine capitale, c'est déjà pas commun, mais vous n'avez pas tout vu... La ferme de Jean-Noël est installée dans un parking désaffecté. L’incontournable Jamy (de C’est pas sorcier) vous fait d’ailleurs visiter cette ferme un peu spéciale.

Pour aller plus loin : Agriculture biologique : définition et enjeux

Quels sont les 3 avantages de l’agriculture urbaine ? 

Il est important de préciser ici qu’il n’existe pas qu’une forme d’agriculture urbaine mais des dizaines. En toute logique, les enjeux pour chaque forme d’agriculture sont sensiblement différents. Voici cependant 3 éléments à retenir et souvent évoqués comme étant des avantages :

• Économique : l’agriculture urbaine n’est pas celle avec le modèle le plus rentable. En revanche, elle bénéficie tout de même de certains avantages (coûts de transports réduits, packaging limité, récupération et parfois revente des déchets, etc…).

• Écologique : l’objectif principal de l’agriculture urbaine est de produire au plus proche du consommateur. Autrement dit ? Elle permet ainsi de réduire de réduire les émissions de gaz à effet de serre liés aux transports. Il peut également y avoir d’autres avantages écologiques (pas d’usage de pesticides, matière organique utilisée, etc…).

• Social : aujourd’hui, l’agriculture urbaine est une excellente façon de sensibiliser tous les publics. En effet, elle permet d’entrer en contact avec le consommateur final et de lui permettre de mieux comprendre ce qu’il mange, comment cela a été produit. Cette sensibilisation passe par des visites, des ateliers. Il est parfois possible également de prendre part à la production (jardins partagés, associations, etc…).

Pour aller plus loin : Découvrez notre guide pour faire de l'agriculture sur votre balcon

Quelles sont les limites de l’agriculture urbaine ? 

L’agriculture urbaine est souvent présentée dans les médias comme une solution miracle en ville. Si elle permet de profiter de nombreux avantages, ce type d'agriculture a quand même également des limites : 

• La logistique : l’agriculture urbaine est souvent implantée sur les toits plats. Or ces derniers, par définition, n'ont pas été conçus pour faire de l’agriculture. Cela implique de nombreuses contraintes. Ascenseurs, escaliers, espaces réduits, accès pour un camion de livraison, compostage complexe étant donné que ce n’est pas en pleine terre, déplacements multipliés, portance (limite en terme de poids), zone de stockage limitées, etc… 

• La pollution : à la campagne, la pollution vient en général des pesticides. En ville, c’est un peu différent (métaux lourds, particules fines, sols pollués, déchets jetés par les passants, etc…). L’élément à savoir en revanche est que la pollution à tendance à rester en bas. Autrement dit ? Plus on est en hauteur, moins celle-ci est censée être importante. Ces éléments impliquent qu’il faut faire des analyses régulièrement afin de s’assurer de la qualité de la production.

• Les dégradations et le vol : C’est un élément que l’on constate souvent dans les jardins partagés ou pour les zones qui sont très accessibles. Les vols peuvent concerner aussi bien la production (fruits, légumes, etc…) mais aussi les outils s'ils sont laissés facilement accessibles.

• Les conditions d'occupation : en ville, les espaces sont chers et très demandés. On fait donc face à des enjeux en termes d’urbanisation et de politique. Cela implique que bien souvent, l’accès à un espace ou une zone pour produire est limité en termes de temps (souvent entre 2 et 5 ans). Cela peut paraître long mais pour de la production agricole c’est très court. Cela laisse à peine le temps de mettre en place les circuits de distribution adaptés, faire pousser les cultures, etc…

• Le modèle économique : il est souvent précaire. En effet, l’espace réservé à l'agriculture culture est relativement faible et donc la production limitée. Une chose est sûre, cela ne remplacera jamais l’agriculture conventionnelle. C’est une solution complémentaire. Par ailleurs, pour que le business soit viable les agriculteurs urbains ont aujourd’hui souvent des revenus variés (visites, ateliers, conférences, création de contenu, etc…).