Quel climat à Marseille en 2050 ?

Face au réchauffement climatique, la ville de Marseille sera-t-elle vivable en 2050 ? Canicule, montée des eaux, quels dangers la menace ?

JANVIER 2024

8 MIN

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Aujourd’hui, on va zoomer sur la métropole de Marseille, deuxième plus grande ville de l’hexagone (avec plus de 870 000 habitants en 2023). Au travers de son fonctionnement et des services qu'elle rend à la population, la ville de Marseille rejette 200 000 tCO2e (tonne équivalent Co2) par an. Quelles sont les répercussions de ce changement à l’échelle de la métropole ? Quelles implications pour les habitants ? Quelles sont les politiques publiques mises en place à l’heure actuelle ?

On vous dit tout dans cet article.

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Zoom sur trois éléments clés liés au réchauffement climatique

La question n’est pas : le réchauffement climatique va-t-il avoir un impact sur Marseille mais à quelle échéance et dans quelle proportion ? Sur cet aspect, en général, trois éléments sont au cœur des débats : température, jours de chaleurs, canicules. On décortique cet aspect.

L’augmentation de la température moyenne à Marseille

Entre 1976 et 2005, la température moyenne enregistrée à Marseille était autour de 15 °C. À titre de comparaison, elle était également de 15°C à Nice en revanche cela descend à 13°C à Bordeaux. Il y a donc de légères différences selon les zones géographiques, au sein même de notre pays.

Et qu’en sera-t-il en 2050 ? Pour observer cette projection, on se base sur les résultats partagés par l’AFP. Le média lui-même s’est basé sur des données de Météo France ainsi que sur les différents scénarios proposés par le GIEC (optimiste, intermédiaire, pessimiste). Cela permet ainsi d’avoir un ordre de grandeur. Alors, verdict ? D’ici 2050, il est possible que la température augmente entre +1,1 °C et +2,3 °C. Les variations sont donc conséquentes, et forcément à la hausse. Or toute augmentation a un impact colossal sur l’environnement, les hommes, les espèces présentes sur place.

Bon à savoir : Avec une augmentation de 2°C à l’échelle mondiale, le GIEC estime que les répercussions seraient apocalyptiques. Pénuries d’eau, extinction des espèces, malnutrition, explosion du nombre de phénomènes extrêmes (cyclones, tornades, tsunamis, etc…)... Bref, des choses que l’on préférerait éviter.

La hausse du nombre de jours anormalement chauds

Pour rappel : on parle de jour anormalement chaud quand la température est supérieure à 5°C de plus à celle enregistrée en moyenne dans la région.

Au début des années 2000, il y avait environ 19 jours anormalement chauds par an à Marseille. Et en 2050 ? Comme vous pouvez le voir sur le tableau ci-dessous, ce nombre pourrait être entre 39 et 74 par an. Plus du triple dans le pire des cas. Cela représenterait l’équivalent de 2 mois de l’année. Un changement conséquent, qui aurait un impact sur la biodiversité locale et sur le bien-être des habitants.

L’accroissement du nombre de canicules

Pour rappel : une canicule est un phénomène météorologique où l’on enregistre une température de l’air anormalement élevée par rapport aux moyennes de saison, et ce pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines. Autrement dit ? C’est directement lié au point plus haut.

Au début des années 2000, on enregistrait en moyenne 31 nuits caniculaires par an à Marseille. Et en 2050 ? D’après les estimations on peut s’attendre à en vivre entre 47 et 71 par an. Un volume largement plus important. Cela engendrerait des conséquences très importantes, notamment sur les personnes les plus fragiles (enfants, personnes âgées, etc…).

Quel plan d’action climat pour Marseille ?

Comme toutes les villes, Marseille s’est doté récemment d’un plan Climat Air Énergie Territorial (CAET). Celui-ci a évolué au fil des années et correspond dans les grandes lignes à la directive donnée à l'échelle nationale.

Le bilan carbone de la ville de Marseille

Elle a ainsi réalisée sur les données 2009 un Bilan Carbone® « Patrimoine et Services » sur les émissions de GES liées à son patrimoine et l’ensemble de ses activités. Quel est le résultat ? Les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la Ville de Marseille s’élèvent à environ 200 000 tonnes équivalent CO2 (tCO2e) par an. C’est l'équivalent de 61 500 allers-retours en avion Paris-New-York.

C’est à partir de ce bilan que la ville à pu définir son plan climat avec un objectif précis. C’est le Plan Climat Territorial dont on vous parle juste après.

Un plan climat à horizon 2020

La ville adopte son premier Plan Climat Territorial en 2008, puis le met à jour en 2012 pour adapter les ambitions et le plan d’action. Sa volonté est double :

  • Réduire de 20% les émissions de GES (Gaz à effet de serre) à horizon 2020
  • Baisser de 20% la facture énergétique (soit 62,8 GWh/an à économiser d’ici 2020)

Ce plan est constitué de plus de 200 actions et 5 axes :

  • Économiser l'énergie, les carburants (travaux de rénovation de l’éclairage public et réduction de la flotte municipale de véhicules)
  • Développer les énergies renouvelables (augmentation le photovoltaïque)
  • Optimiser et réduire les déplacements des usagers (digitaliser une bonne partie des procédure administrative et favoriser les déplacements à vélo). Chez helios nous avons d'ailleurs financé une partie de la rénovation du métro de Marseille
  • Préserver les ressources naturelles (sensibiliser, recycler, économiser l’eau, etc…)
  • S'adapter aux conséquences du changement climatique

Et le résultat ? Nous avons trouvé un bilan complet réalisé en 2012 (donc 4 ans après le premier plan climat). Ce dernier détaille toutes les actions mises en place, les avancées, les axes d’amélioration. À cette date, la ville était à la moitié de son objectif pour la réduction des consommations énergétiques et un tiers pour la réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Une belle première avancée. En revanche, nous n’avons pas trouvé de bilan complet en 2020, donc à la fin de la date définie dans le plan Climat Territorial.

Le plan Climat Énergie de la métropole Aix-Marseille-Provence

Tout d’abord, un point. Ce plan intègre la ville de Marseille dans une aire géographique plus grande, il est donc difficile de comparer l’ambition par rapport au plan précédemment défini par la ville. D’ailleurs, mieux se projeter, voici deux chiffres :

  • La Ville de Marseille générait 200 000 tonnes équivalent CO2 (tCO2e) par an en 2009
  • La métropole générait 23 millions de tonnes équivalent CO2 (kteq CO2 1) de GES en 2015.

Un écart conséquent qui s’explique à la fois par la période mais également par le périmètre analysé. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, la démarche est donc plus globale et s’étend sur le territoire. C’est une bonne nouvelle puisque cela signifie que les efforts vont globalement dans le même sens.

Revenons-en donc à ce plan Climat Énergie de la métropole Aix-Marseille-Provence. Ce dernier a été adopté à l’unanimité en Conseil métropolitain du 16 décembre 2021. Il a été co-construit avec les partenaires économiques, environnementaux, les collectivités territoriales ainsi que certains organismes spécialisés.

Ce plan Climat Énergie c’est 100 actions, 13 axes, un horizon à 2050 et surtout 5 objectifs :

  • Concevoir une métropole neutre en carbone demain
  • Diminuer de 50 % les consommations énergétiques de l’ensemble des secteurs
  • Couvrir 100 % des besoins de consommation d’énergie par des énergies renouvelables
  • Diminuer de 50 % la population exposée aux pollutions atmosphériques et sonores
  • Adapter le territoire aux impacts du changement climatique pour assurer la pérennité de son développement

Les 5 défis prioritaires de la métropole

La métropole a identifié plusieurs facteurs de risque :

  • L’énergie : La région PACA consomme plus d’énergie que ce qu’elle produit. En parallèle, le réseau de distribution d’électricité sur le territoire régional présente plusieurs points faibles (risque de coupure d’électricité, forte exposition du réseau aux aléas climatiques, forte consommation et réseau saturé, développement soumis aux contraintes d’insertion dans le paysage, etc…). L’enjeu est donc d’adapter les infrastructures pour les besoins futurs.
  • L’agriculture, la pêche et l’aquaculture : Les enjeux sont multiples (étalement urbain, apparition de nouvelles espèces marines - concurrentes de celles actuelles, etc…). Il s’agit à la fois de protéger les espaces agricoles et d’adapter les techniques de pêche.
  • La santé et le confort thermique : Dans la même lignée, cela implique différents éléments (augmentation des températures diurnes et nocturnes, hausse de la mortalité en cas de vague de chaleur importante,augmentation de la pollution atmosphérique, hausse des maladies respiratoires et cardiovasculaires, etc…).
  • Les risques naturels : Cela fait référence aux incendies, inondations, mouvements de terrain (chutes de pierres, tassements, effondrements, etc…), retrait gonflement des argiles, érosion des côtes ou encore risque de submersion marine. De nombreuses conséquences directes du réchauffement climatiques qui vont contribuer à redessiner la métropole. Les actions entreprises sont variées (mise en place d’un dispositif de surveillance météorologique, cartographie des risques majeurs ou encore la construction de bassins de rétention et de retenues collinaires).
  • Les espaces naturels et la biodiversité : Cela touche à la fois les espaces boisés mais aussi le littoral. Les mesures sont également très diverses. L’enjeu est à la fois de sensibiliser (former les responsables des espaces verts, création du Parc national des Calanques, etc…) mais également de protéger le territoire (opérations de restauration des milieux grâce des prélèvements de compensation Carbone, confortement des falaises et des talus érodés, etc…).

Vers une ville paisible demain

Les enjeux sont forts et les impacts multiples. Aujourd’hui, il est impossible de prévoir l’avenir avec exactitude, mais une chose est certaine : le climat sera totalement différent et la métropole va ainsi devoir adapter de nombreuses choses. Les chantiers ont déjà démarré, de nombreuses actions sont mises en place. Ce sont de bons signaux pour la suite. Il faudra voir cependant si les actions mises en place sont suffisantes au vue des enjeux (donc les impacts sont régulièrement revus à la hausse par les scientifiques du monde entier).

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