Fracturation hydraulique : quels sont les enjeux ?

Explorez les enjeux de la fracturation hydraulique : technique d’extraction, impacts sur l’environnement et la santé, risques de pollution et alternatives énergétiques durables.

FEV 2025

10 MIN

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Depuis quelques années, les projets de fracturation hydraulique se multiplient à travers le monde. 

S’ils permettent de répondre à un besoin réel en lien avec nos modes de vie actuels (pétrole, gaz, etc.), ils posent cependant de nombreuses questions. Celle qui nous importe le plus ? Les enjeux écologiques et les impacts à plus long terme. 

Dans cet article, on vous aide à comprendre les enjeux de cette industrie afin que vous puissiez vous faire votre propre idée sur le sujet.

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Qu’est-ce que la fracturation hydraulique ? 

La définition

En anglais, on parle de “hydraulic fracturing” ou de “fracking”. 

Il s’agit d’une technique permettant d’extraire des hydrocarbures dits non conventionnels. Certains sont sous la forme liquide (sables bitumineux, schistes bitumineux, huile de schiste, etc.), d’autres à l’état de gaz (gaz de schiste, gaz de réservoir compact, hydrates de méthane, etc.). On parle aussi de “nouveaux types d’hydrocarbures”. Ces derniers jusque-là enfermés dans des roches peu poreuses et perméables sont ainsi libérés. 

La technique

La fracturation hydraulique consiste à injecter un mix réalisé avec un fluide (souvent de l'eau), du sable et des additifs chimiques sous haute pression directement dans la roche souterraine afin de la fracturer. Les hydrocarbures non conventionnels (gaz, pétrole, etc.) sont ainsi libérés et apparaissent en surface. 

Voici une vidéo réalisée par les équipes de Sciences et Avenir pour mieux comprendre le sujet.

Les 5 étapes de la fracturation hydraulique

  1. Le forage : il s’agit de forer un puits vertical directement dans la roche. Pour pouvoir fonctionner, ce puits peut être creusé jusqu’à 2 000 ou 3 000 mètres de profondeur

  2. Le tube métallique : c’est ce que l’on appelle le “casing”. Ce dernier est inséré directement dans le puits. 

  3. Le latéral : À partir de là, un autre trou est foré, cette fois-ci à l’horizontal, toujours dans la roche.

  4. Les explosifs : ces derniers sont utilisés pour créer des fractures dans la roche.
     

  5. Le fluide de fracturation : c’est un mélange d’eau et de produits chimiques qui
    sont injectés en grande quantité et haute pression. Les conséquences ? Cela ouvre la roche, qui libère dont les gaz et/ou le pétrole qui étaient piégés à l’intérieur.

Voici un schéma pour mieux comprendre à quoi ressemble la fracturation hydraulique sous terre.

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Pourquoi la fracturation hydraulique prend-elle de l’ampleur ?

La fracturation hydraulique présente plusieurs avantages importants, qui expliquent pourquoi elle est devenue une méthode d'extraction couramment utilisée dans l'industrie du pétrole et du gaz.

Tout d'abord, la fracturation hydraulique permet d'exploiter des réserves de gaz et de pétrole qui étaient auparavant considérées comme inaccessibles. Grâce à cette technique, les réserves de gaz et de pétrole piégées dans des formations rocheuses profondes peuvent être récupérées de manière économiquement viable.

De plus, la fracturation hydraulique peut contribuer à la sécurité énergétique et à l'indépendance énergétique d'un pays. En exploitant les ressources domestiques de gaz et de pétrole, les pays peuvent réduire leur dépendance vis-à-vis des importations et renforcer leur sécurité énergétique. Cela peut également avoir un impact positif sur l'économie nationale en créant des emplois et en stimulant la croissance économique.

Enfin, la fracturation hydraulique peut également être bénéfique sur le plan des émissions de CO2 en comparaison avec d'autres méthodes d'extraction de gaz et de pétrole. Par exemple, l'utilisation du gaz naturel extrait par fracturation hydraulique peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre, car le gaz naturel produit moins de CO2 lors de la combustion que d'autres combustibles fossiles.

Cependant, il est important de noter que ces avantages doivent être équilibrés avec les préoccupations environnementales et les risques associés à la fracturation hydraulique. Il est donc essentiel de mettre en place des réglementations adéquates pour encadrer cette technique et minimiser son impact négatif sur l'environnement et la santé humaine.

Quels sont les risques liés à la fracturation hydraulique ?

Voilà un sujet épineux. Nous avons choisi de simplement lister ici les principales critiques qui émergent sur le sujet. Nous laissons ainsi le soin à chaque lecteur de se faire son propre avis ou d’aller creuser davantage la question pour mieux cerner les enjeux : 

  • Emission de gaz à effet de serre (notamment le méthane)

  • Impact pour la santé (cancers, naissances prématurées, etc…) 

  • Pollution des eaux : Les installations pourraient avoir des failles. Or, une fuite risquerait de polluer les nappes phréatiques, le stockage des eaux usées ainsi que leur transport sont eux aussi des sources de pollution potentielle. Une étude publiée dans Sciences Advances a conclu que les entreprises de forage ont utilisé 770 % d’eau supplémentaire par puits entre 2011 et 2016. Résultat ? Une hausse de 1 440 % d’eaux usées toxiques relâchées.

  • Usage massif de l’eau : il faudrait en moyenne entre 10 000 et 15 000 m3 d’eau pour le forage de chaque puits d’exploitation de gaz de schiste, soit l’équivalent du volume de quatre piscines olympiques. Dans la même logique que le sujet des méga bassines, cela pose ainsi la question de la répartition des ressources. Pour cette technique, l’eau est en général pompée dans les lacs ou rivières situées à proximité, et donc dans les réserves d’eau potable.

  • Destruction des paysages : une étude publiée dans la revue Science en 2015 estimait déjà que des millions d’hectares de Grandes Plaines des États-Unis et du Canada étaient « en train d’être transformés en paysages industrialisés »

  • Séismes locaux : ce point a notamment été évoqué à la suite de plusieurs tremblements de terre de faible ampleur qui ont été observés en Suisse à proximité d’un forage géothermique. Un phénomène similaire a été observé en Angleterre et aux Texas. Le nombre de tremblements de terre de magnitude 3.0 ou plus est monté en flèche en Oklahoma depuis le début du boom de la fracturation hydraulique, avec moins de deux séismes par an avant 2009 et plus de 900 rien qu’en 2015.

Bon à savoir : Beaucoup de personnes soulignent tout simplement que les connaissances sur le sujet de la fracturation hydraulique ne sont pas suffisantes et ne permettent pas de savoir précisément quels en seront les impacts réels. La majorité des connaissances appartiennent aux grands groupes pétro-gaziers et ne sont pas partagées publiquement. Par ailleurs, la recherche académique est encore très limitée sur le sujet. Dans cette logique, le message passé est de d’abord réaliser des études avant de lancer de déployer cette technologie.  

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Qu’en est-il de la réglementation autour de la fracturation hydraulique ? 

Le sujet de la fracturation hydraulique n’est pas récent. Le premier essai aurait eu lieu aux États-Unis en 1947 et aurait été réalisé par l’entreprise Halliburton. Pourtant, le sujet a mis longtemps avant d’entrer dans le débat public et les réglementations ont également tardé. Récemment, les choses se sont accélérées. S’il n’existe pas de consensus à l’échelle internationale, de nombreux pays ont adopté des mesures restrictives et des règles permettant de cadrer la pratique (protéger les ressources en eau, assurer une gestion adéquate des eaux usées, réduire les émissions de gaz à effet de serre, liste publique des produits chimiques utilisés, normes de sécurité autour des installations, etc.). 

À retenir : Si le sujet commence à être cadré, le chemin est encore long. Il y a de fortes chances pour que la réglementation évolue au fur et à mesure que les connaissances scientifiques se précisent.

Zoom sur les enjeux économiques de la fracturation hydraulique

La fracturation hydraulique est une nouvelle opportunité économique. 

C’est la raison pour laquelle de nombreux acteurs se lancent sur le sujet et que de nombreux états étudient la question. C’est un business lucratif qui permet également pour certains pays de réduire leur dépendance vis-à-vis des importations de gaz et de pétrole. Dans la même lignée, c’est un secteur qui permet de créer de l’emploi et générer une nouvelle forme d’activité économique à l’échelle locale. Il est par ailleurs important de noter que la fracturation hydraulique est soumise aux mêmes fluctuations de prix que l’industrie du gaz et du pétrole.

Bon à savoir : Précisons également qu’il est important de prendre en compte les externalités négatives et coûts externes associés (dégradation de l'environnement, santé publique, etc.) afin d’avoir une vision globale et complète du sujet.

Vers une alternative plus vertueuse

La fracturation hydraulique est présentée par ses défenseurs comme une bonne solution pour répondre à la demande croissante en énergie. Pour autant, elle repose à 100% sur l’usage de ressources qui sont présentes en quantités limitées sur la planète (et qui un jour n’existeront plus). Ses opposants arguent ainsi qu’il est plus stratégique de réfléchir à une stratégie orientée sur le long terme et qui favorise ce que l’on appelle les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, biomasse, géothermie, etc.). Plus qu’une question écologique, c’est surtout un choix de société qui va impliquer des investissements et une démarche importante (quelle que soit la décision). 

FAQ : Fracturation hydraulique 

La fracturation hydraulique est-elle interdite en France ? 

Oui. Cette interdiction fait suite à une proposition de loi de la part de Christian Jacob. Depuis 2011, il est ainsi interdit en France d’avoir recours à la fracturation hydraulique pour explorer et exploiter les pétroles et le gaz de schiste. En revanche, la fracturation hydraulique est autorisée dans un cadre de recherche scientifique

Quelles sont les positions des différents pays sur la fracturation hydraulique ?

Voici une carte, réalisée par le média Le Monde, qui montre la position des différents pays quant à la fracturation hydraulique et au gaz de schiste. On voit que 3 pays interdisent cette technique (la France, la République tchèque et la Bulgarie). On remarque qu’il y a également des bassins de prospection très importants dans de nombreuses régions du monde (Russie, Australie, Argentique, Irak, etc.). 

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