Benjamin De Molliens
éco-aventuriers

Benjamin De Molliens

Pouvez-vous vous présenter et que faites-vous dans la vie ?

Je m’appelle Benjamin de Molliens, j'ai 35 ans et j’habite à Marseille (mais je suis breton). J’ai créé depuis 3 ans maintenant Expédition Zéro qui sont des aventures sportives itinérantes pour lesquelles je respecte autant que possible 3 règles, ou plutôt 3 zéros : zéro déchet, zéro matériel neuf, zéro empreinte carbone.

Le but est d’essayer d’utiliser les émotions que génère le sport et l'émerveillement que procurent ces aventures en pleine nature pour sensibiliser les gens qui me suivent, et les gens que j’arrive à toucher à travers les réseaux sociaux et les médias. Je veux les sensibiliser à la protection de l’environnement et leur faire passer des messages de sobriété sur nos modes de vie.

Je fais aussi dans ce projet-là des défis citoyens que j’anime sur les réseaux comme “nettoie ton kilomètre” en novembre 2020 qui est devenu assez viral en France et à l’étranger où j’invitais les gens à ramasser des déchets. Et en ce moment il y a un défi qui s'appelle “les 12 travaux” où chaque mois de l’année on propose sur les réseaux des petits gestes et des défis à relever pour devenir un peu plus écolo.

Avec mon associé, Alice Isaac, nous avons créé Objective Zéro, qui est un accompagnement à la sensibilisation des collaboratrices et collaborateurs à travers des conférences, des ateliers participatifs et des défis à relever.

Depuis quand date votre engagement pour l’environnement ?

J’ai toujours eu une appétence pour l'aventure en pleine nature : mon premier déclic écologique était fin 2016 lorsque j'étais à San Francisco pour travailler dans la Silicon Valley (mais je faisais principalement du surf plutôt que travailler...). À un moment j’ai vu plein de déchets dans la mer et sur les plages, et ça m’a interpellé. J’ai ensuite vu les chiffres sur la pollution plastique qui m’ont marqué, notamment les 20 tonnes de déchets / minute qui se déversent dans l’océan (soit le contenant d’un camion-poubelle !).

Cet électrochoc a lancé mon aventure écologique, car début 2017 j’ai quitté San Francisco pour rentrer en France et j’ai cofondé un projet qui s'appelle Plastic Odyssey, qui est un projet de lutte contre la pollution plastique dans les océans.

C’est un tour du monde sur un navire, qui est parti il y a quelques mois de Marseille et qui va déployer des solutions de recyclage et de réduction des déchets plastiques dans les économies les plus touchées par ce fléau (les pays en voie de développement). Ce sont des solutions low tech et open source.

Qu’est ce qui vous a motivé à vous engager ?

Ce qui m’a motivé c’est vraiment la pollution plastique, parce que l’océan est ce qui me rend le plus heureux au quotidien (la montagne aussi en ce moment !). C’est vraiment cette passion pour la faune, la nature et les voyages qui me dit que ce n'était pas possible de détruire tout ça.

Quelles sont les actions concrètes que vous mettez en place au quotidien pour réduire votre empreinte écologique ?

Je n’ai pas voyagé en avion depuis 3 ans et 2 mois. C’est je pense la plus grosse action. Je ne dis pas que je ne le referai plus jamais car je pense que les grands voyages apportent de belles choses, mais je le fais de manière beaucoup plus consciente et de façon bien moins excessive.

Je suis devenu végétarien, je ne mange presque plus de viande (ça m’arrive une fois par mois ou tous les deux mois je dirais). L’idée est encore une fois de ne pas devenir un extrémiste mais de limiter les excès.

Je fais pas mal d'achats et de nourriture en vrac, notamment tout ce qui est légumineuse, féculents etc. J’achète aussi tout mon matériel de sport pour mes aventures en seconde main, et je me déplace principalement à vélo.

Quelles sont les personnes ou les groupes qui vous inspirent dans votre engagement écologique ?

Je trouve Camille Etienne géniale : elle est jeune, hyper motivée et super inspirante. J’aime bien Timothée Parrique, qui fait de l'économie écologique et qui a écrit “Ralentir ou périr”. Je trouve super intéressant la manière dont il vulgarise ces sujets d’économie et sa façon d'aborder le sujet de la décroissance.

J’aime aussi des personnes qui ne sont pas directement engagées dans la cause. Par exemple, je suis assez admiratif des photographes animaliers qui me font rêver comme Vincent Munier ou Jérémie Villet, par la beauté qu’ils nous transmettent de la nature à travers leurs photos.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite s’engager davantage pour l’environnement ?

Pour s’engager pour l’environnement, je dirais que agir rend heureux et que c’est le passage à l’action qui évite l’éco-anxiété. Agir sur plusieurs aspects : par exemple sur les gestes quotidiens (manger moins de viande, moins prendre l’avion, moins prendre sa voiture, moins acheter de gadgets inutiles...). Faire moins de choses qui polluent mais mieux faire grâce à des alternatives.

Aussi, il y a une chose qui est importante : c’est de mieux placer son argent. Car l’argent pollue énormément en fonction de ce qu’en font les banques.

Que pensez-vous d’Helios ?

Je trouve la démarche d'Helios super bien, il faut l’encourager. Étant donné que l’argent est une grosse source de pollution j’espère que les banques dont la promesse et d'être transparente sur les investissements et de ne pas investir dans les énergies fossiles va se démocratiser, on a absolument besoin de ça.

Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir éco-aventurier ?

L’éco aventure est venue d’une part car j’ai toujours été biberonné par l’aventure, mes parents sont d’anciens chefs scout et nous sommes 5 enfants, donc chaque année ils nous emmenaient baroudé en van ou en radeau aux 4 coins de l’Europe ou en France, pour marcher dans les Pyrénées, les Alpes... J’ai eu le goût du voyage, et du voyage sportif depuis toujours. C’est quelque chose que j’ai énormément cultivé et développé.

Et quand j’ai eu mes prises de consciences écologiques, notamment celle du confinement où je me suis dis que je ne pouvais plus continuer comme ça, je me suis dis que j’allais continuer à faire des voyages mais de manière plus raisonnable. Et c’est là qu’est venue l’éco aventure, qui sont des aventures sportives et responsable (décarboné, sans déchets et sans matériels neufs).

Quels sont les endroits les plus incroyables que vous avez visités dans le cadre de votre engagement écologique ?

Les endroits les plus incroyables que j’ai visités, c'était cet été lors de ma traversée des Pyrénées de l’Atlantique à la Méditerranée, par les crêtes et les sommets. C'était magique et spectaculaire. J’ai passé 23 jours sur ce sentier, à gravir des petits sommets, à voir pleins d’animaux, faire des rencontres avec des gens sympas, se dépasser physiquement et se sentir libre.

Comment préparez-vous vos aventures pour minimiser votre impact environnemental ?

Pour préparer mes aventures, j’essaie de respecter mes 3 règles :

  • Zéro déchet : en amont de l’aventure je prends des petits sacs en toiles et le long du parcours je tente de limiter les déchets en refusant les emballages.
  • Zéro empreinte carbone : en choisissant le train pour les longues distances, en limitant l’impact transport. Je me nourri aussi de manière végétarienne durant mes voyages, je recharger mes batteries au solaire et j’achète mon matériel reconditionné ou seconde main.
  • Zéro matériel neuf : l’idée est de rester minimaliste, de ne pas trop consommer mais d'être plutôt dans la sobriété.

Quels sont les défis auxquels vous avez été confronté lors de vos aventures ?

Ce sont souvent des défis liés à la météo, notamment dans les Pyrénées avec pas mal d’orages, de pluies et de grêles dans les crêtes. Ce sont des moments pas facile mais tout s’est bien passé.

J’ai cassé et perdu du matériel, on m’a volé une fois ma tente sur un parking pendant qu’elle séchait dans les Pyrénées une semaine avant la fin de la traversée.

Le reste ce sont des anecdotes marrantes, sinon tout s’est plutôt bien passé lors de mes aventures.